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Santiago de Cuba - Campismo La Mula : 117 km
Isabel me prépare un copieux petit déjeuner ce matin et m'emballe des fruits et du pain pour que j'emporte. Elle doit me trouver trop mince... C'est vrai que j'ai perdu un peu de poids mais de là à faire pitié quand même ! Je range cette délicate attention dans mes sacoches et prends la route dès les premières lueurs du jour. Je cherche la route qui longe la côte jusqu'à Pilon. Je demande plusieurs fois mon chemin pour sortir de la ville et me retrouve sans soucis sur la bonne route. Un camion me double avec à son bord un des messieurs à qui j'ai demandé mon chemin. Il me fait des signes d'encouragement. Je quitte le port de Santiago pour me retrouver le long de la mer des Caraïbes. J'en ai le souffle coupé.
J'arrive au petit village de Chivirico où un parc ombragé et un contenador me tendent les bras. Je fais une pause à l'ombre car une fois de plus il fait très chaud aujourd'hui. Après un peu d'eau et quelques bananes je remonte en selle. Autant jusqu'à Chivirico la route était plutôt en bon état, autant après ça se complique. L'ouragan de 2012 a emporté des bouts de route dans la mer. Pour moi qui suis en vélo c'est juste incroyable de rouler sur ce passage où la nature a repris ses droits. En voiture c'est beaucoup plus compliqué, je n'en verrai d'ailleurs plus à partir de ce point excepté le bus tout-terrain qui passe 2 fois par jour.
A Uvero, le lieu où s'est déroulé la première bataille de la révolution cubaine en 1957, je rencontre Denis et Rachel, un couple de Québécois qui voyage en vélos pliables. Ils sont descendus dans un hôtel sur cette côte et font des excursions à la journée avec leurs petits vélos pour découvrir les environs. Ou redécouvrir devrais-je dire, 26 fois qu'ils viennent à Cuba ! Ils font beaucoup de voyages à vélo, à 60 ans "on s'prévient" comme ils disent. Nous discutons un moment, ils me donnent tout plein de conseils et d'endroits à voir sur l'île.
Je prends congés de ces cousins du Québec et je poursuis sur cette route déserte et incroyable. Plusieurs "wahou" m'échappent dans l'après-midi, je suis bluffée par cette route escarpée, le bleu de l'eau, et cette tranquillité qui s'en dégage. Depuis le début de mon aventure cubaine je crois que c'est le plus bel endroit où j'ai cycloté. Et puis moi qui aime le calme et la nature, je suis servie. Je voudrais que cette route continue des centaines et des centaines de km encore. C'est tellement beau...
S'il y a la mer d'un côté, il y a la montagne de l'autre. La montagne elle aussi fait des caprices. Un énorme rocher s'en est décroché et barre en partie la route. J'en profite pour poser l'appareil dessus, déclencher le retardateur et faire quelques autoportraits.
J'arrive en fin d'après-midi au campismo La Mula. A Cuba la notion de camping est légèrement différente de la notre. Il y a des campings, mais les Cubains ne plantent pas leur tente, il y a des cabanas, des petites cabanes aménagées. Tous les campismos ne sont pas accessibles aux étrangers, mais celui-ci l'est. J'ai donc ma petite cabane pour passer la nuit. Je pose mes affaires et pars me promener sur la plage de galets qui borde le camping. Je regarde danser les vagues. Je repense à cette journée incroyable, hors du temps. Le soir au diner, le cuisiner et le propriétaire des lieux organisent à l'improviste un petit bœuf musical. L'un joue de la guitare, l'autre chante. Un petit concert privé sous les étoiles...
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Commentaires
Un beau périple une fois de plus... Merci de prendre le temps d'écrire et de nous faire partager un peu de ton voyage.