• Lorsque l'on évoque Cuba, des images de rues pavées et colorées, de vieilles voitures américaines, de cigares et de boissons arhumatisées nous viennent à l'esprit. C'est un peu pour tout ça et pour bien d'autres choses que j'ai eu envie de découvrir cette île bien particulière, au passé lourd mais ô combien passionnant.

    Dans un même temps, l'aspect politique de cet état insulaire des Caraïbes attirait ma curiosité. Je voulais voir ce que c'était que de vivre dans un pays où le socialisme régnait en maitre et où le capitalisme était banni du vocabulaire.

    Enfin, Cuba est, selon les aficionados du 2 roues, un paradis pour les cyclistes de part le peu de véhicules qui y circulent. C'est donc à vélo que je pars découvrir Cuba.

     

    Pourquoi Cuba ?


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  • Géographie

    Présentation de CubaLa République de Cuba est un archipel composé de l'île de Cuba, de l'île de la jeunesse et d'environ 1600 îlots appelés "cayo" en espagnol. L'île de Cuba est la plus grande île des Antilles avec ces 1220 km de long. Sa forme allongée lui confère le surnom de l'île crocodile. Côté relief, Cuba compte quatre massifs montagneux répartis dans l’île et qui occupent le tiers de sa superficie. Le plus haut, la Sierra Maestra, à l’Ouest de Santiago de Cuba, abrite le point culminant du pays : le Pico Real de Turquino (1974 m). Les deux autres tiers du territoire sont constitués de plaines herbeuses. 

     

    Histoire

    Cuba a été découverte par Christophe Colomb en 1492, mais n'a été conquise par les espagnols qu’en 1511. Dès lors Cuba se spécialise dans le tabac, la canne à sucre et le café, ce qui accroît l’économie du pays.

    Au 18ème siècle, comme la plupart des îles des Caraïbes, Cuba devient le triste théâtre du commerce triangulaire : des esclaves africains sont débarqués en masse pour travailler dans les plantations de canne à sucre. 

    A la fin du 19ème siècle, Cuba entre en guerre contre l’Espagne pour obtenir son indépendance, mais les Etats-Unis interviennent dans le conflit. Cuba obtient alors sa liberté vis-à-vis de l’Espagne, mais passe sous le contrôle américain. 

    En 1956, Fidel Castro prend la tête de l’armée cubaine et renverse en 1959 Batista, dictateur du pays. Fidel prend le pouvoir et mène la révolution contre les Etats-Unis pour un Cuba Libre.

    En 1962 les Etats-Unis mettent en place un embargo économique envers Cuba.

    En 2006, très malade, Fidel Castro délègue le pouvoir à son frère Raul Castro. Il engage des débats avec la population pour surmonter les difficultés économiques du pays. Cuba se modernise en autorisant la vente de téléphones et d’ordinateurs jusqu’alors interdit.

    En décembre 2014, après des mois de négociations secrètes, le président cubain, Raul Castro, et son homologue américain, Barack Obama, ont  annoncé la restauration des relations diplomatiques entre leurs deux pays.

     

    Société

    Cuba est connu pour son éducation et sa médecine gratuites. Le peuple cubain jouit également d'une absence quasi-totale de chômage : tout Cubain peut ainsi accéder à un logement et une quantité de nourriture suffisante. Mais l'accès aux autres produits de première nécessité (savon, vêtements) reste cher.

    Du point de vue ethnique, il n'y a pas vraiment de "type" cubain, la population étant très métissée. On trouve ainsi des Cubains d’origine espagnole, des Métis et des Cubains d'origine africaine descendants des esclaves amenés dans l’île au 18ème siècle.

     

    Economie

    L'économie, contrôlée par l'état, est fondamentalement agricole. La principale culture est la canne à sucre, Cuba étant le premier exportateur mondial de sucre. Le tabac est également une grande source de revenu pour l'économie cubaine.

    Avec le développement d'infrastructures d'accueil, le tourisme à Cuba a le vent en poupe et est un secteur en pleine croissance.

    Mais l'économie cubaine reste très mauvaise due au  blocus commercial imposé par les Etats-Unis, qui depuis 1998 pénalise les compagnies étrangères qui font du commerce avec Cuba.

    Ceci dit, les récentes négociations entre Obama et Castro vont sûrement changer les choses...

     

     

     


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  • Itinéraire du voyage à vélo

    Itiéraire vélo

     Pour me diriger à Cuba, j'ai utilisé une carte très précise de l'île téléchargée gratuitement en pdf sur le site http://www.cubamappa.com. Je recommande vivement cette carte aux cyclistes mais aussi aux automobilistes. Bon, elle est découpée en 50 pages A4 mais niveau précision, on ne peut rêver mieux.

    Une autre astuce pour s'orienter à Cuba, ne pas hésiter à demander son chemin aux locaux, ils connaissent bien les environs!


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    Avant de ce rendre à Cuba, il y a deux ou trois choses qui sont bonnes à savoir :

     La monnaie

    A Cuba il y a 2 monnaies en circulation :

    - le CUC, qui correspond plus ou moins au dollar américain. C'est majoritairement dans cette devise que nous les étrangers nous réglons nos dépenses.

    - le CUP ou monnaie nationale, qui correspond à 1/25ème du CUC (1 CUC = 25 CUP). C'est dans cette monnaie que les Cubains reçoivent leur salaire, et sortie des grandes villes c'est la monnaie utilisée. C'est donc pas mal d'avoir quelques pièces dans cette devise pour acheter un refresco (soda) ou un bocadillo (sandwich).

     

    Psst Psst

    L'onomatopée "Psst Psst" est très utilisée à Cuba pour appeler quelqu'un dans la rue. Il ne faut pas être offensé, c'est juste culturel.

     

    Piropo 

    Une petite rubrique pour vous mesdames qui souhaitez voyager à Cuba. Les Cubains adooooooorent les femmes et ne se privent pas de le faire savoir. Aussi en marchant dans la rue ou en pédalant dans la campagne vous ne pourrez échapper aux flatteries des hommes : bisous en l'air, clins d'œil, petits mots doux... Ca peut surprendre au début mais là encore c'est culturel. Un sourire et un "Hola" en guise de réponse suffisent, et c'est plus agréable qu'une mine fermée pleine d'ignorance.

     


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  • Détail de l'itinéraire au jour le jour :

    Jour 1 : La Havane - San Diego de los Banos 158 km

    Jour 2 : San Diego de los Banos - Vinales 75 km

    Jour 3 : Vinales - La Havane - Holguín transfert en bus

    Jour 4 : Holguín - Levisa 110 km

    Jour 5 : Levisa - Moa 84 km

    Jour 6 : Moa - Baracoa 71 km

    Jour 7 : Baracoa - Guantanamo 156 km

    Jour 8 : Guantanamo - Santiago de Cuba 86 km

    Jour 9 : Santiago de Cuba - Campismo La Mula 117 km

    Jour 10 : Campismo La Mula - Las Cuevas 12 km

    Jour 11 : Las Cuevas - Manzanillo 149 km

    Jour 12 : Manzanillo - Las Tunas 96 km

    Jour 13 : Las Tunas - Nuevitas 125 km

    Jour 14 : Nuevitas - Moron 171 km

    Jour 15 : Moron Cayo Coco 76 km

    Jour 16 : Cayo Coco - Caibarien 179 km

    Jour 17 : Caibarien - Santa Clara 73 km

    Jour 18 : Santa Clara - Sancti Spiritus 92 km

    Jour 19 : Sancti Spiritus - Trinidad 98 km

    Jour 20 : Massif des Escambray 50 km

    Jour 21 : Trinidad - Cienfuegos 80 km

    Jour 22 : Cienfuegos - Guasasa 85 km

    Jour 23 : Journée off à Guasasa

    Jour 24 : Guasasa - Jaguey Grande 95 km

    Jour 25 : Jaguey Grande - Varadero 86 km

    Jour 26 : Varadero - La Havane 146 km

    Total : 2470 km


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  • Les péripéties commencent dès l'aéroport de Mexico. Au moment d'embarquer à bord du vol en partance pour la Havane, l'hôtesse me dit que mon visa n'est pas valable car l'agence de voyage a inversé mon nom et mon prénom dans les cases. Je pique donc un sprint jusqu'au bureau des visas pour en refaire un... Bref, je monte finalement dans l'avion. A bord je discute avec mes 2 voisins, Anita une Allemande et Patel un Suédois. Nous sympathisons et décidons de partager un taxi à l'arrivée à la Havane.

    Mais avant de sortir de l'aéroport, il faut passer la douane... Une longue file de personne attend déjà lorsque nous arrivons. Des douaniers arpentent les files, posant quelques questions ici et là. Ils questionnent Anita qui leur répond en anglais, ils me questionne, je leur répond en espagnol... Et hop ils me sortent de la file pour m'emmener dans un bureau à part pour un questionnaire plus approfondi. "Pourquoi venez-vous à Cuba?" "Pourquoi voyagez-vous seule?" "Qu'est-ce qui vous intéresse à Cuba?" "Avez-vous des appareils d'enregistrement audio et vidéo?" etc etc... Puis ils m'accompagnent à la salle des bagages pour fouiller mon sac et vérifier mes dires... Avec un grand sourire ils me remercient pour ma coopération. Je remballe tout pour rejoindre Patel et Anita qui m'attendent. "Mais vous ne voyagez pas seule??" me lance le douanier suspicieux. "Si si je les ai tout juste rencontré dans l'avion!".

    Nous cherchons un distributeur pour retirer des CUC. Mais le distributeur est vide. Heureusement j'ai quelques euros qui trainent dans mon porte-monnaie que j'échange pour avoir de quoi payer le taxi.

    Une fois dans le taxi le stress de l'arrivée redescend. Le chauffeur est adorable, il nous fait une petite visite de La Havane en chemin avec un arrêt photo à la plaza de la Revolucion.

    Nous arrivons chez Carol, mon contact à La Havane. Elle et son fils Ale m'attendent de pied ferme. Après de chaleureuses salutations, Carol se charge de trouver un logement à Patel et Anita chez une voisine. Puis elle me prépare un délicieux jus d'ananas et j'entreprends de remonter mon vélo avec l'aide d'Ale. Nous mangeons tous les 3 puis Ale m'emmène sur le malecon, le front de mer de la Havane. C'est tout mignon, et on voit bien les étoiles de là. Nous rentrons et je prépare mes sacoches et mon itinéraire pour le lendemain. Je quitterai directement la Havane que je visiterai à la fin de mon séjour.


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  • La Havane - San Diego de los Banos : 158 kmAprès un bon petit déjeuner, je m'apprête à prendre la route en direction de l'Ouest de l'île. Mais Carol et Ale  sont inquiets de me voir parti en vélo à travers La Havane. Ale décide alors au pied levé de venir en roller avec moi jusqu'à la sortie de la ville. Pendant plus de 10 km il m'ouvre la voie à plus de 20 km/h. Je ne pouvais rêver meilleure escorte! Une fois sur la bonne route, Ale me souhaite un bon voyage et me demande de les appeler de temps en temps pour leur donner des nouvelles.

    La Havane - San Diego de los Banos : 158 kmLa route bordée d'une végétation luxuriante est plate et droite, chose parfaite pour chauffer les jambes en ce premier jour. Une voiture me double, le conducteur me fait coucou et me tend une pomme. Ca commence bien! Un peu plus loin, Félix de la sélection nationale de cyclisme de Cuba me tient compagnie et me pousse dans les montée.  Décidément c'est mon jour de chance! Je laisse Félix à son entraînement, moi je m'arrête pour acheter de l'eau et faire une petite pause pomme. Un bus de Français voyageant avec Terre d'Aventure est arrêté là aussi. Nous discutons, leurs gentils mots et les bananes qu'ils m'offrent me redonnent de l'énergie pour poursuivre.

    La Havane - San Diego de los Banos : 158 kmA la mi-journée, j'arrive au parc national de Las Terrazas, une réserve de la biosphère unique en son genre. En effet ce parc abrite une communauté de campesinos qui depuis 1968 et sur ordre de Fidel Castro reboisent les montagnes pelées par les incendies et l'exploitation intensive des champs de canne à sucre. Cette reforestation s'opère en terrasse, d'où le nom du parc. C'est une merveille d'organisation, la communauté vit en parfait harmonie avec la nature et la protège. On peut également y voir les ruines d'une plantation de café française datant du 19ème siècle. La meule servant à écraser les grains est parfaitement conservée. Le parc est également le refuge de nombreux oiseaux, dont de magnifiques flamants roses que je regarde marcher d'un pas nonchalant, en dégustant quelques bananes.

    La Havane - San Diego de los Banos : 158 kmJe poursuis ensuite ma route, toujours en direction de l'Ouest, à travers la campagne cubaine. Alors que je fais une petite pause à la sortie d'un village un vieux monsieur vient me demander si j'ai un soucis avec mon vélo. Voyant que non, il repart pour revenir avec un énorme régime de banane qu'il m'offre. Et bien je ne vais pas mourir de faim ici! En fin d'après-midi j'arrive à San Diego de los Banos où je trouve une casa particular (chambre d'hôte) où passer la nuit. Mon hôte, Calie, me prépare un dîner gargantuesque fait de poisson grillé, de riz, de bananes frites, de salade et de fruits. Je m'endors après ce délicieux repas, heureuse de ma première journée.  

     


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  • San Diego de los Banos - Vinales 75 kmAprès une omelette au fromage et un bon café corsé, je prends la route en direction de Vinales. Je passe d'abord à travers le parc national de la Guira dont l'accès se fait par une porte gigantesque à l'allure de l'entrée du temple maudit d'Indiana Jones. D'ailleurs, après la porte, je me sens un peu comme Indi, seule en pleine jungle tropicale où règne déjà une chaleur humide écrasante à 8h du matin. Bon je vous rassure je n'ai pas à tracer mon chemin à la machette, une jolie route sillonne le parc et ses collines, pas bien hautes mais vraiment raides! Ca picote un peu dans les jambes, mais ça passe.

    A la sortie du parc, je traverse un village où une intersection me pose problème. Alors que j'hésite entre 2 routes, un homme me fait signe. C'est Miguel, un artiste peintre qui vit là avec sa femme et leur fils. Miguel me montre ses œuvres et me parle de son projet de communauté socio-culturelle, pendant que sa femme nous fait un café. Miguel aimerait créer un lieu où chaque artiste pourrait venir travailler et échanger.

    San Diego de los Banos - Vinales 75 km

    San Diego de los Banos - Vinales 75 kmSan Diego de los Banos - Vinales 75 km

    Puis il me montre son jardin et me présente la fleur emblématique de Cuba, la mariposa. Il m'explique qu'à la fin du 19ème siècle, pendant la guerre contre les Espagnols, les révolutionnaires cubains communiquaient entre eux grâce à des messages rédigés sur les pétales de cette fleur. Les portant à l'oreille en guise d'apparat, les femmes se chargeaient ainsi de les distribuer.

    San Diego de los Banos - Vinales 75 kmAprès cette leçon d'histoire et ce délicieux café, je remonte en selle, Miguel ayant pris soin de lever le doute sur le chemin à emprunter. Je roule à travers de magnifiques paysages, la terre est rouge, la végétation est très verte, le ciel est bleu parsemé de petits nuages blancs. Je me croirais dans un tableau bucolique. Je roule ainsi sur cette route une bonne heure durant sans croiser âme qui vive. Je bifurque ensuite sur une route non goudronnée en pente légère, un vrai régal à descendre.

    San Diego de los Banos - Vinales 75 kmSoudain, une femme assise devant sa maison au bord du chemin me fait de grands signes. Je freine et m'arrête à sa hauteur. Dans un sourire plein de bonté et de gentillesse elle me propose un café. Le troisième de la matinée, mais je ne peux dire non à un si grand sourire. Louisa me fait visiter sa maison, me montre ses cochons, ses poules, son petit jardin potager, ses bananiers et sa réserve de riz. Elle prépare le café et parle, parle, parle, elle est toute heureuse d'avoir un peu de compagnie. Elle me dit qu'elle est un peu isolée ici et qu'elle  ne voit pas souvent du monde. Elle veut me garder pour quelques jours... A contre cœur je prends congés après 2h de papotage... 

    San Diego de los Banos - Vinales 75 kmQuelques dizaines de minutes plus tard je prends une grosse averse tropicale dessus. Passant devant une maison, ses occupants m'invitent à m'abriter sous le porche. Un peu plus loin, sous un toit de fortune, des bœufs attendent avec philosophie la fin de l'averse. Elle ne dure d'ailleurs pas plus de 10 minutes mais qu'est ce qu'il tombe! Je comprends mieux maintenant pourquoi c'est si vert dans les alentours. Le chemin est complètement détrempé, je prends un vrai bain de boue en repartant. Heureusement qu'une bonne douche chaude m'attend ce soir!

    San Diego de los Banos - Vinales 75 kmJ'arrive à Vinales sous les nuages. Je trouve sans peine une casa particular, chez Marise et Juana. Marise est professeur de musique au collège de Pinar del Rio et Juana est sa maman. Elles se montrent toutes les deux très accueillantes. Je laisse mes affaires et pars en exploration en vélo à travers les mogotes, ces fameuses collines calcaires arrondies retrouvées dans les Caraïbes. Il pleut un peu et les nuages sont bas, ce qui donnent aux environs un côté très mystique.

    En revenant vers Vinales je trouve une petite cahute où un jeune homme vend des fruits. J'achète quelques bananes et oranges pour le lendemain. Comme il pleut, je reste un peu à l'abris dans la cahute et discute avec Ruben, le petit campesino. Il me présente tous les fruits de Cuba et me parle de leurs vertus, avec dégustation à l'appui.

    San Diego de los Banos - Vinales 75 kmSan Diego de los Banos - Vinales 75 km

     

     

     

     

     

    Je rentre à la casa. Deux amis de Marise sont là, Javier et Yonee. Ils sont guide et mécanicien vélo pour une compagnie de tourisme allemande. Alors forcément, on parle vélo! Je leur parle de mon projet de parcourir l'île en vélo d'ouest en est. Ils me conseillent de faire l'inverse à cause du vent. J'écoute leurs conseils et décide de changer mes plans. Demain je prendrais le bus jusqu'à Holguín, dans l'Est de l'île, pour rouler d'est en ouest.


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  • Je pars donc de bonne heure de Vinales en bus pour rallier La Havane où je prendrai un second bus pour Holguín. A Cuba il n'y a pas de soucis pour voyager avec un vélo en bus, on démonte la roue avant pour le mettre en soute et on rajoute quelques CUC (2 à 5 suivant les trajets) au prix du billet. Me voilà donc dans le premier bus, à côté d'un cubain qui écoute de la musique sur son téléphone, sans casque donc j'en profite à fond, et qui chante par dessus, donc j'en profite encore plus. Après 3 heures de karaoké nous arrivons à La Havane.

    Il est 11 heures, il y a un bus pour Holguín à 15h et le suivant à 20h. Il y a 12h de trajet. Je n'ai pas envie d'arriver à Holguín à 3h du matin alors je décide d'attendre celui de 20h. Je veux acheter mon ticket mais la guichetière me dit que la vente ne débute le jour même du voyage qu'une heure avant l'heure du départ du bus, soit à 19h. Je veux quand même être sûre qu'il y a de la place dans le bus, pour seule réponse la guichetière me dit "no te preocupes mi amor". Non non je ne m'inquiète pas... mais quand même! Bref j'attends...

    A 19h le guichet ouvre pour la vente des billets, c'est la ruée. Et la petite guichetière me montre du doigt en disant aux autres que je suis la première car j'attends depuis ce matin. Evidemment ça ne plait pas vraiment aux autres et une joute verbale commence entre la guichetière et une dame de la file. Je me fais toute petite... et passe finalement la première, j'embarque le vélo et je grimpe dans le bus. Ce n'est pas le grand luxe à bord mais je passe quand même une bonne nuit de sommeil.


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  • Holguin - Levisa : 110 kmJ'arrive à Holguín à 8 heures du matin. A la descente du bus c'est une nuée de personnes qui nous attend, pour nous proposer un hébergement, un taxi, une excursion... La nuit a été un peu mouvementée alors j'ai juste envie de récupérer mon vélo et de me retrouver au calme. Je fais tout de même un petit tour de ville et puis s'en va. Je tombe sur une superbe sculpture d'un personnage ô combien important dans l'histoire de Cuba, Ernesto Che Guevara.

    Holguin - Levisa : 110 kmSortie de la ville, je me mets en quête d'un petit déjeuner dans les villages que je traverse. Je veux acheter un pain mais on m'explique qu'il est réservé à la communauté, que je ne peux pas l'acheter. Bon... Je grignote quelques barres de céréales qu'il me reste du Mexique. Le beau temps est revenu aujourd'hui et la route à travers la campagne d'Holguín est agréable. Je sens qu'il fait sensiblement plus chaud dans cette partie de l'île comparé à l'ouest. Je m'arrête à Cueto pour boire un refresco, ces jus de fruits frais préparés avec amour par les locaux.

    Holguin - Levisa : 110 kmL'après-midi la route est un peu plus vallonnée et il fait vraiment chaud. Je m'arrête dans un abris-bus pour souffler un coup à l'ombre. Aurelio, un jeune cubain, attend son bus. Nous parlons un peu, il adore faire du vélo. Il me propose de me rejoindre pour la fin de la route après avoir récupéré son vélo chez lui. Il me dit également que dans son village, je peux rester dormir chez sa tante, c'est quelqu'un de bien. Je sens dans ses yeux que je peux lui faire confiance. Il prend son bus, moi je repars en vélo. Peu de temps après je le vois arriver en sens inverse à vélo, tout sourire. Nous finissons le chemin ensemble et en effet sa tante est une bulle de gentillesse. Elle me prépare un bon repas et me lave mes vêtements pendant que je joue avec ses filles. Je propose à Aurelio de faire la route avec moi jusqu'à Moa demain et de revenir en bus le soir. Il accepte, heureux de cette petite excursion en perspective.

     


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  • Levisa - Moa : 84 kmAurelio me rejoint pour le petit déjeuner ce matin. Nous préparons nos sacs. Il a apporté des bananes et des goyaves de son jardin. Avant de partir sa tante appelle une amie à elle à Moa pour lui demander de m'héberger, puis explique à Aurelio comment se rendre chez elle. Une fois les explications données, nous partons. C'est agréable d'avoir de la compagnie! En guise de clin d'œil, Aurelio a mis un t-shirt "France". Il me fait rire. En chemin nous discutons. Aurelio me parle de sa vie. Il a une licence en finance et a travaillé dans une banque pour un salaire mensuel de 20 CUC par mois. Les salaires sont vraiment bas à Cuba... Il a délaissé son emploi et vit aujourd'hui de petits business qui lui rapportent bien plus. Par exemple il achète un porcinet 20 CUC, le fait grossir et le revend 80 CUC une fois adulte. Il m'explique que beaucoup de gens vivent ainsi à Cuba, les salaires étant dérisoires.

    Levisa - Moa : 84 kmNous arrivons à Sagua de Tanamo où nous faisons une pause sur la place du village pour manger nos fruits. Le reste de la route passe vite. Avant Moa il y a beaucoup de messages révolutionnaires. Il y en a partout à Cuba d'ailleurs. Les messages publicitaires n'existent pas mais il est fréquent de lire "Viva Cuba Libre", "Viva Fidel y Raul", "Hasta la victoria, siempre" ou encore "Patria o Muerte". Il y a beaucoup de messages pour promouvoir l'éducation des enfants aussi, pour souligner les bienfaits de la révolution. Ce qui est bien avec le vélo c'est que j'ai le temps de tous les lire et je suis frappée par ce matraquage propagandiste.

    Levisa - Moa : 84 kmNous arrivons à Moa. Aurelio est fatigué mais content d'être arrivé. Je lui offre une glace au chocolat pour le remettre sur pied. Nous trouvons la maison de Nidia, Pachi et leur fils Ivan qui nous accueillent à bras ouvert. Ils nous offrent un jus de goyave frais et des petits gâteaux. Puis Aurelio part prendre le bus pour retourner à Levisa. Le soir, Pachi me montre comment faire le café cubain, fuerte y suave.


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  • Ce matin Pachi me tient compagnie pour le petit déjeuner. C'est un ancien mécanicien à la retraite. Il me parle de sa vie, de son service dans l'armée cubaine en Afrique pendant la guerre d'Angola. J'ai le droit à une leçon d'histoire en buvant mon café, Pachi m'explique que l'armée sud-africaine a voulu envahir l'Angola, et par solidarité pour le parti socialiste angolais, Cuba lui est venu en aide et a repoussé l'envahisseur. Par la suite, Cuba a aidé à mettre fin à l'apartheid en formant les révolutionnaires de la communauté sud-africaine noire.

    Moa - Baracoa : 71 kmAprès ce petit déjeuner culturel, je prends la route pour Baracoa. Pachi m'a mis en garde, la route est plutôt mauvaise. C'est vrai que ce n'est pas terrible mais en vélo c'est plus facile d'éviter les trous qu'en voiture. J'avance plutôt bien, jusqu'à ce qu'une averse tropicale me tombe dessus. En 30 secondes je n'ai plus rien de sec. Mais le soleil revient vite et je sèche en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. La route est vallonnée, caillouteuse et boueuse, mais je roule avec la mer à gauche et les montagne à droite, c'est superbe.

    Moa - Baracoa : 71 kmJe ne tarde pas à arriver au Parc National Alexander Von Humboldt, qui doit son nom au scientifique allemand qui découvrit cette partie de l'île et son incroyable écosystème en 1801. Ce parc est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO car il contient un nombre incalculable d'espèces animales et végétales. Ce qui frappe et fait plaisir ici, c'est que la nature règne en maitre, pas d’hôtel, pas de bunker. L’être humain est un simple invité, et les quelques villages que l'on rencontre aux abords du parc ne sont que des hameaux de quelques habitants dont les maisons sont construites grâce au bois du cocotier.

    Moa - Baracoa : 71 kmUne seconde averse tropicale pointe le bout de son nez, mais cette fois-ci j'ai le temps de m'abriter dans une cahute, invitée par un petit monsieur tout de vert vêtu. On dirait un Pygmée tant il est petit. Tout sourire il me fait la bise, normal. Puis il me parle, me parle, me parle, on ne l'arrête plus! Je crois qu'il est plus facile de stopper la pluie que ce moulin à parole. Je le trouverai d'ailleurs sympathique s'il n'avait pas une machette aussi grande que lui accrochée à la ceinture... Finalement sans que je n'ai pu en placer une il me refait la bise pour me dire au revoir. Une rencontre aussi furtive qu'incroyable ! Je reprends mon chemin, une délicate odeur de chocolat dans les narines. Du chocolat???? Je pense d'abord que c'est mon imagination qui me joue des tours, mais non il y a une fabrique de chocolat à Baracoa.

    Moa - Baracoa : 71 kmDe part sa situation géographique à l'est de l'île et l'état des routes qui y conduisent, Baracoa a des allures de ville du bout du monde. Je me mets en quête d'une casa particular, que je trouve sans difficulté sur le malecon. J'ai honte de me présenter toute trempée et toute boueuse mais les cubains ont un sens de l'hospitalité à toute épreuve ! Monsieur me nettoie mes sacoches pendant que madame m'attrape une serviette pour que je puisse prendre une douche chaude. Une fois réchauffée et changée je pars me promener dans la ville. Et bien sûr je prends un chocolat chaud au musée du chocolat.


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  • Baracoa - Guantanamo : 156 kmPour accompagner mes tartines, Ulice et Miriam, mes hôtes à Baracoa, m'ont préparé... un chocolat chaud ! Voici de quoi me donner de l'énergie pour la journée qui m'attend. En effet, je vais traverser l'île pour rejoindre la côte sud, en passant par le massif montagneux de la Farola. De ce que j'en ai entendu, c'est une route très agréable, au cœur de la forêt luxuriante de Baracoa. Le point culminant est à 500 mètres d'altitude, avec des rampes irrégulières allant jusqu'à 20 %. Autant dire que les jambes vont chauffer ! 50 km séparent la côte nord de la côte sud, avec 35 km de montagne et 150 virages. 

    Baracoa - Guantanamo : 156 kmJe m'élance de bonne heure pour arriver au sommet avant qu'il ne fasse trop chaud. Mais même de bon matin il fait déjà chaud ! J'entame les 20 km de montée et dès le départ je me retrouve face à un mur. Je ne me démoralise pas même si, debout sur les pédales, je n'avance qu'à 4-6 km/h. J'ai toute la journée pour la grimper cette fichue montagne ! La pente se radoucit, je prends rapidement de la hauteur, la vue qui m'est offerte est magnifique. Le long de la route, des campesinos vendent des cucuruchos, une sorte de cornet composé d'un mélange de sucre de canne, de noix de coco, de papaye et d'orange : la barre énergétique à la cubaine !

    Baracoa - Guantanamo : 156 kmJ'arrive au sommet non sans une certaine satisfaction personnelle : je n'avançais pas vite, j'ai du faire le double de la distance tellement j'ai zig-zagué, mais je l'ai grimpé la Farola, en restant tout du long sur le vélo ! Je prends quelques bananes à un campesino qui se trouve là et ô miracle il a du chocolat ! Je m'offre une barre en guise de récompense, que je dévore avant d'attaquer la descente. La vue de là-haut est incroyable : la montagne verte à perte de vue et en toile de fond la mer des Caraïbes. Je dévale la pente pour arriver en fin de matinée sur la plage de sable noir de Cajobabo. Galvanisée par cet exploit matinal, je décide de ne pas en rester là et de poursuivre mon chemin en direction de Guantanamo.

    La route le long de la côte est un vrai délice : plate, droite, et en plus j'ai le vent dans le dos. Je ne croise pas grand monde, exceptées quelques vieilles voitures américaines typiques de Cuba, qui, sur cette route, donnent au paysage des allures de cartes postales. J'ai un sourire immense dessiné sur le visage, quel bonheur d'être ici !

    Baracoa - Guantanamo : 156 km

    Baracoa - Guantanamo : 156 kmBaracoa - Guantanamo : 156 km

    Il fait une chaleur écrasante cet après-midi, et mes réserves d'eau s'amenuisent à vitesse grand V. Dans le petit village de San Antonio del Sur, je trouve un contenador où je peux acheter de quoi me ravitailler. On peut facilement traduire le contenador par container, car c'est vraiment ce que c'est. On reste à l'extérieur pour faire ses achats, ce qui personnellement m'arrange avec le vélo. Une fenêtre grillagée permet de Baracoa - Guantanamo : 156 kmvoir ce que ce petit magasin contient, à savoir souvent pas grand chose... Et rarement de l'eau en dehors des villes touristiques. A Cuba l'eau est jugée potable mais les tuyauteries insalubres. Il est donc conseillé aux touristes de boire de l'eau en bouteille. Voyageant en vélo je ne préfère pas prendre de risque, même si je pense que les refrescos que je bois le long de la route sont allongés à l'eau du robinet. Pas d'eau en bouteille dans ce petit contenador, alors je prends un soda au citron. J'ai gouté celui à l'orange qui devient infâme quand il chauffe au soleil alors que celui au citron reste buvable.

    Baracoa - Guantanamo : 156 kmAprès le petit village de Tortuguilla la route traverse un ensemble de petites collines. C'est depuis l'une d'elle que j'aperçois la tristement célèbre baie de Guantanamo où l'armée américaine possède une base navale et sa fameuse prison. La baie est immense, je devine les bâtiments américains à l'horizon sans pour autant pouvoir réellement les voir. Mais ce que je vois est de bonne augure, la baie est complètement plate, la fin de la route sera facile pour arriver à la ville de Guantanamo, cubaine elle.

    Baracoa - Guantanamo : 156 kmJ'entre dans Guantanamo peu avant la nuit, contente d'être arrivée car la journée a été longue. Je ne pensais pas pouvoir rallier Baracoa à Guantanamo en une seule journée avec la Farola à franchir. Je suis fatiguée mais contente ! A la casa particular que je trouve à côté de la place principale de Guantanamo, je me vois offrir une énorme boule de glace au chocolat en guise de pot de bienvenue. Je ne pouvais rêver mieux ! Le soir je me promène dans le centre, il y a des musiciens jouant des airs de salsa cubaine à tous les coins de rues. Il faut vraiment que j'apprenne à danser !


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  • Il y a un facteur commun à toutes les casas particulares à Cuba, c'est la gentillesse des propriétaires. Manuel et Teresa sont mes hôtes à Guantanamo. Ils ont une fille qui est médecin et qui est mariée à un Cubain, médecin lui aussi. Après plusieurs missions dans des dispensaires au Venezuela, le jeune couple a réuni assez d'argent et d'expérience pour s'installer aux Etats-Unis, à Miami. Partir vivre à l'étranger est le rêve de beaucoup de Cubains, el sueno de fuera, le rêve d'ailleurs. Ils aiment leur pays mais l'embargo américain les empêchent d'avoir accès à de nombreuses choses, comme internet par exemple. Internet à Cuba c'est un peu interniet... Très difficile de trouver un accès, et quand il y en a un tout est censuré par le gouvernement. Espérons pour le peuple cubain qu'Obama réussira à changer les choses...

    Guantanamo - Santiago de Cuba : 86 kmJe quitte Guantanamo pour rejoindre Santiago de Cuba. Je choisis la route la plus directe, à savoir... l'autoroute. L'autoroute cubaine n'a rien à voir avec l'autoroute de chez nous. C'est une 2 fois 3 voies certes, mais la file de droite est réservée aux véhicules lents. Aux véhicules très très lents... Aux chevaux et aux vélos en fait ! Ce n'est pas très palpitant mais après la journée d'hier ça repose les jambes. J'arrive à Santiago en fin de matinée, ce qui me donne le temps de découvrir la ville.

    Guantanamo - Santiago de Cuba : 86 kmJe me rends en premier lieu sur la place principale de Santiago. J'y rencontre Luis, un musicien tout plein de gentillesse, qui me dédie quelques chansons. Il m'indique les endroits à visiter à Santiago. Je le laisse à sa musique et trouve une casa particular où laisser mes affaires pour explorer la ville à pied. J'arrive chez Isabel et Ricardo, un couple de personnes âgées qui me chouchoute comme leur petite fille. Ils ont un petit chien qui, lorsque tu déambules dans la maison, court devant toi et saute sur les poignées pour t'ouvrir les portes ! Isabel et Ricardo sont très fiers de leur petit prodige.

    Guantanamo - Santiago de Cuba : 86 kmJe laisse mes hôtes et le petit chien à leurs exercices de cirque et je me rends au musée du rhum pour en savoir un peu plus sur l'élaboration de cette boisson locale. Le rhum est une eau de vie de plante, la canne à sucre. Il est obtenu après la fermentation alcoolique du jus de canne, sa distillation et son affinage. Le musée explique cette élaboration et présente l'histoire des plantations de canne à sucre à Cuba. Il y a également une petite dégustation du rhum local.

    J'explore ensuite Santiago en errant au hasard des rues. Petite découverte en image...

    Guantanamo - Santiago de Cuba : 86 km

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    Guantanamo - Santiago de Cuba : 86 km

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    Guantanamo - Santiago de Cuba : 86 km

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  • Santiago de Cuba - Campismo La Mula : 117 kmIsabel me prépare un copieux petit déjeuner ce matin et m'emballe des fruits et du pain pour que j'emporte. Elle doit me trouver trop mince... C'est vrai que j'ai perdu un peu de poids mais de là à faire pitié quand même ! Je range cette délicate attention dans mes sacoches et prends la route dès les premières lueurs du jour. Je cherche la route qui longe la côte jusqu'à Pilon. Je demande plusieurs fois mon chemin pour sortir de la ville et me retrouve sans soucis sur la bonne route. Un camion me double avec à son bord un des messieurs à qui j'ai demandé mon chemin. Il me fait des signes d'encouragement. Je quitte le port de Santiago pour me retrouver le long de la mer des Caraïbes. J'en ai le souffle coupé.

    Santiago de Cuba - Campismo La Mula : 117 kmJ'arrive au petit village de Chivirico où un parc ombragé et un contenador me tendent les bras. Je fais une pause à l'ombre car une fois de plus il fait très chaud aujourd'hui. Après un peu d'eau et quelques bananes je remonte en selle. Autant jusqu'à Chivirico la route était plutôt en bon état, autant après ça se complique. L'ouragan de 2012 a emporté des bouts  de route dans la mer. Pour moi qui suis en vélo c'est juste incroyable de rouler sur ce passage où la nature a repris ses droits. En voiture c'est beaucoup plus compliqué, je n'en verrai d'ailleurs plus à partir de ce point excepté le bus tout-terrain qui passe 2 fois par jour.

    Santiago de Cuba - Campismo La Mula : 117 kmA Uvero, le lieu où s'est déroulé la première bataille de la révolution cubaine en 1957, je rencontre Denis et Rachel, un couple de Québécois qui voyage en vélos pliables. Ils sont descendus dans un hôtel sur cette côte et font des excursions à la journée avec leurs petits vélos pour découvrir les environs. Ou redécouvrir devrais-je dire, 26 fois qu'ils viennent à Cuba ! Ils font beaucoup de voyages à vélo, à 60 ans "on s'prévient" comme ils disent. Nous discutons un moment, ils me donnent tout plein de conseils et d'endroits à voir sur l'île.

    Santiago de Cuba - Campismo La Mula : 117 kmJe prends congés de ces cousins du Québec et je poursuis sur cette route déserte et incroyable. Plusieurs "wahou" m'échappent dans l'après-midi, je suis bluffée par cette route escarpée, le bleu de l'eau, et cette tranquillité qui s'en dégage. Depuis le début de mon aventure cubaine je crois que c'est le plus bel endroit où j'ai cycloté. Et puis moi qui aime le calme et la nature, je suis servie. Je voudrais que cette route continue des centaines et des centaines de km encore. C'est tellement beau...

    S'il y a la mer d'un côté, il y a la montagne de l'autre. La montagne elle aussi fait des caprices. Un énorme rocher s'en est décroché et barre en partie la route. J'en profite pour poser l'appareil dessus, déclencher le retardateur et faire quelques autoportraits.

    Santiago de Cuba - Campismo La Mula : 117 km

    Santiago de Cuba - Campismo La Mula : 117 kmSantiago de Cuba - Campismo La Mula : 117 km

    J'arrive en fin d'après-midi au campismo La Mula. A Cuba la notion de camping est légèrement différente de la notre. Il y a des campings, mais les Cubains ne plantent pas leur tente, il y a des cabanas, des petites cabanes Santiago de Cuba - Campismo La Mula : 117 kmaménagées. Tous les campismos ne sont pas accessibles aux étrangers, mais celui-ci l'est. J'ai donc ma petite cabane pour passer la nuit. Je pose mes affaires et pars me promener sur la plage de galets qui borde le camping. Je regarde danser les vagues. Je repense à cette journée incroyable, hors du temps. Le soir au diner, le cuisiner et le propriétaire des lieux organisent à l'improviste un petit bœuf musical. L'un joue de la guitare, l'autre chante. Un petit concert privé sous les étoiles...


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  • Campismo La Mula - Las Cuevas : 12 kmHier soir en discutant avec le propriétaire du camping, j'ai appris qu'il y avait une magnifique randonnée à faire à quelques encablures de là. Il s'agit de l'ascension du Pico Real de Turquino, le point culminant de Cuba avec ses 1974m. Ses pentes regorgent de plantes et d'oiseaux endémiques, une belle opportunité de s'immerger dans la nature sauvage de l'île. Il faut normalement réserver mais je décide de tenter ma chance en me présentant directement au refuge de Las Cuevas. Je pars avant l'aube, je vois le soleil se lever pendant que je couvre les 12 km qui me séparent du départ de la randonnée. La lumière est magnifique.

    La mer est calme, le temps est clair, c'est de bonne augure pour l'ascension. Je regarde le Pico Real tout du long, il domine la portion de route où je me trouve. Le jour se lève de plus en plus, j'arrive au refuge un peu avant 7h.

    Campismo La Mula - Las Cuevas : 12 kmCampismo La Mula - Las Cuevas : 12 km

     

     

     

     

     

    Je rencontre Enidio, un des guides du parc. Il hésite à partir car il est un peu tard, d'habitude il faut commencer l'ascension à 5h30. J'insiste un peu et il fini par accepter. Nous partons donc tous les deux à travers la forêt de fougères. Enidio me parle du parc et de ses occupants. Le Pico Real de Turquino fait parti de la Sierra Maestra. En espagnol, Sierra signifie chaîne de montagnes et Maestra, maîtresse. Il s'agit bien là de la chaîne de montagnes maîtresse de Cuba puisque c'est la plus élevée. Elle a également été mise en lumière pendant la révolution car c'est en son sein que Fidel Campismo La Mula - Las Cuevas : 12 kmCastro avait installé son camp de base, la Commandancia. Tout à coup, Enidio s'arrête et me fait de grands signes. Il me montre un oiseau dans un arbre. Un tocorolo ! C'est l'oiseau emblématique de Cuba car il porte les mêmes couleurs que le drapeau cubain, à savoir le bleu, le blanc et le rouge. Nous observons également des colibris et un cartacuba, un petit oiseau vert, rouge et blanc. Nous grimpons à vive allure et finissons par rattraper le groupe de 5h30. Comme quoi ça ne servait à rien de partir si tôt...

    Les nuages s'emparent du Pico, nous marchons donc dans la brume, dans cette forêt épaisse. Le climat est chaud et humide ce qui rend l'ascension un peu difficile. De temps en temps il y a une percée à travers le manteau nuageux, ce qui nous laisse apercevoir les montagnes d'un côté et la côte de l'autre. C'est somptueux.

    Campismo La Mula - Las Cuevas : 12 km

    Campismo La Mula - Las Cuevas : 12 kmCampismo La Mula - Las Cuevas : 12 km

    Une statue de Jose Marti est érigée au sommet du Pico Real de Turquino. Jose Marti est un héros national, c'est lui qui a dirigé l'armée cubaine pendant la guerre d'indépendance face à l'Espagne au 19ème siècle. Après quelques photos, nous entamons la descente vers le refuge d'altitude, installé à 1600m. Nous préparons un repas rapide à base de riz et de viande de porc.

    Campismo La Mula - Las Cuevas : 12 kmCampismo La Mula - Las Cuevas : 12 km

     

     

     

     

     

     

    Après avoir repris des forces, nous terminons la descente. 22 km de randonnée au total, nous arrivons en bas en milieu d'après-midi. Enidio me Campismo La Mula - Las Cuevas : 12 kmpropose alors d'aller chercher 2 mules chez un voisins pour faire une petite balade. Nous voilà donc partis à travers les fougères sur nos montures. Enidio s'amuse à faire cavaler sa mule, et bien sûr la mienne suit. Nous nous amusons ainsi pendant plus d'une heure avant de rentrer au refuge de las Cuevas.

    Campismo La Mula - Las Cuevas : 12 kmIl est trop tard pour que je reprenne le vélo ce soir, je n'aurais pas le temps d'arriver à Pilon avant la nuit. Enidio m'invite à rester dormir au refuge, il y a 2 lits de camp. Enidio rentre chez lui, mais avant il me demande à quelle heure je souhaite partir le lendemain matin pour m'apporter un petit déjeuner. Adorable ! J'installe le matelas à l'extérieur et je m'endors sous les étoiles, avec le bruit des vagues en guise de berceuse...


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  • Las Cuevas - Manzanillo : 149 kmComme promis Enidio vient ce matin à 6h m'apporter un peu de café, du lait et des fruits. Nous discutons pendant que j'avale ces vivres, puis nous nous disons au revoir. Il me donne son adresse pour que je lui envoie une carte de France. Ce sera chose faite ! Ce matin le chemin est vraiment escarpé. C'est un régal de rouler dans un endroit aussi isolé et de surcroit aux premières lueurs du jour. Tout est si calme, si beau...

    Las Cuevas - Manzanillo : 149 kmJe traverse un premier petit village. Sur la plage, les pêcheurs tout juste rentrés de la mer vendent leurs poissons. L'ambiance est incroyable ! Je m'arrête un moment pour regarder ce spectacle et j'en profite pour discuter avec deux dames, intriguées par mon vélo. Elles sont tout sourire, quel bonheur de commencer la journée ainsi. Je poursuis mon chemin, toujours aussi séduite par cette route incroyable. C'est d'ailleurs difficile d'avancer, je passe mon temps à m'arrêter pour regarder le paysage. Et c'est un vrai dilemme de choisir les clichés qui illustrent ces quelques lignes. Je ne vais pas écrire beaucoup sur cette partie de la route, la beauté des lieux parle d'elle-même...

    Las Cuevas - Manzanillo : 149 km

    Las Cuevas - Manzanillo : 149 kmLas Cuevas - Manzanillo : 149 km

    J'arrive à Pilon en milieu de matinée, j'y retrouve la civilisation, un peu oubliée ces deux derniers jours. La route qui longeait jusqu'à présent la Sierra Maestra passe désormais au travers. En résumé, ça grimpe ! Mes jambes me font mal aujourd'hui, sûrement à cause de la randonnée d'hier. Et puis une fois de plus il fait terriblement chaud, je cuis sur l'asphalte.

    Las Cuevas - Manzanillo : 149 kmJ'arrive à Mazanillo fatiguée. Je frappe à la porte de Carlos et Magali, un couple charmants qui ont 2 fils, Fernando et Carlito. Les garçons sont passionnés d'histoire de France, alors nous passons la soirée à discuter tous les 3. Ils me parlent également de leur vie ici à Cuba. Carlito travaille comme manutentionnaire. Il travaille 7 jours sur 7, 8 heures par jours, 8 mois par an. Il est payé 40 CUC mensuel. Fernando fait des études de médecine et me parle des bienfaits des fruits cubains pour moi qui fait du sport. Il me conseille également de boire du guarapo, le jus de canne. C'est très énergétique ! Tous deux espèrent voir changer Cuba, espèrent une ouverture de l'île sur le reste du monde et une amélioration de l'économie.


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  • Manzanillo - Las Tunas : 96 kmMes adieux fait à ma sympathique famille d'accueil, je pédale en direction de Las Tunas. Il pleut ce matin et en 10 minutes je suis trempée et couverte de boue. La route est plate, champs marécageux à droite, champs marécageux à gauche, vent de face, tout pour plaire... J'ai mal aux jambes, je sens la fatigue cumulée de ces derniers jours. Tout cela combiné fait que je suis d'une humeur massacrante ce matin, et je ne supporte plus les mots et les bisous claqués des hommes que je croise. Ca a beau être culturel, ce matin ça ne passe pas. Je trouve que c'est un manque de respect envers les femmes. Je ne les regardent pas et quelques noms d'oiseaux en français m'échappent.

    Manzanillo - Las Tunas : 96 kmLe vent se renforce, rendant ma progression de plus en plus difficile. Un triporteur de la poste me double, il avance à peine plus vite que moi. Ni une ni deux j'accélère pour me mettre derrière lui et ainsi être protégée du vent. Je prend l'aspiration ainsi pendant une dizaine de kilomètres. Puis je trouve un tracteur, et finalement un cheval pour me protéger du vent. J'arrive à Las Tunas où je m'offre un Cornetto au chocolat, c'est toujours bon pour le moral. Je fais un rapide tour de ville et passe la soirée avec ma famille d'accueil. Tout est bien qui fini bien !


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  • Las Tunas - Nuevitas : 125 kmJ'ai le droit a un petit déjeuner de princesse ce matin : œufs brouillés, pain, miel, fruits, café, chocolat... Et en plus la famille d'accueil me donne des fruits pour la journée. Regonflée à bloc je prends la route en direction de la côte nord de l'île. Les 40 premiers km sont face au vent mais j'ai remarqué que le vent ne se lève pas avant 9h30-10h. J'ai donc 2h pour faire ces 40 km sans vent. Je parviens au virage crucial qui lui m'oriente dans le sens du vent à 9h40. Timing parfait. Je suis de retour dans la campagne cubaine, pour mon plus grand bonheur. La route est bordée de fermes d'élevage et de champs de culture que les hommes travaillent avec des bœufs.

     Las Tunas - Nuevitas : 125 kmLa route qui suit la côte nord est peu fréquentée, elle est pourtant bien agréable. Certains passages sont assez chaotiques mais dans l'ensemble c'est plutôt bien. J'arrive sur une portion de 5 km qui me remet face au vent. Mais comme par enchantement et sorti de nulle part, un motard me propose de drafter derrière lui. A 30 km/h il me facilite grandement la tâche. Je suis la côte sur des dizaines de km avant d'arriver au niveau du chemin forestier qui mène au Cayo Sabinal. J'ai repéré cet îlot sur ma carte et je pense que ça pourrait être sympa de passer une nuit sur la plage à la Robinson Crusoé.

    Las Tunas - Nuevitas : 125 kmJ'emprunte donc le chemin, qui pendant plus de 20 km sillonne à travers la forêt tout en longeant la mer. Il n'y a vraiment personne, je fais attention à bien suivre le bon chemin, vérifiant ma carte à chaque intersection. La forêt est truffée d'épineux et ce qui devait arriver arriva : je prends une épine dans le pneu arrière et c'est la crevaison immédiate. C'est ma toute première crevaison de cyclotouriste ! Je défais les sacoches et entreprends de changer la chambre à air.

    Las Tunas - Nuevitas : 125 kmMais alors que je suis en pleine chirurgie pneumatique pour retirer l'épine coupable de cet incident, un camion militaire débarque. 5 hommes armés en descendent, me saluent et me disent qu'ils vont changer ma roue. Je ne bronche pas même si ça m'énerve un peu ce machisme incessant, ce n'est pas parce que je suis une fille que je ne sais pas changer une roue ! Une fois la roue réparée, ils me disent de monter dans le camion, je suis en zone militaire et ils doivent en aviser leur chef. Oups... Je ne suis pas vraiment rassurée là... J'ai donc le droit à un vrai interrogatoire, ils me prennent pour une espionne américaine ! Je présente mon passeport pour prouver que je suis Française, et j'explique que je cherchais juste un îlot paisible pour passer la nuit. Le chef finit par se radoucir, il me propose même ses quartiers pour la nuit si je ne veux pas faire chemin arrière ce soir. Mais passer une nuit dans un camp militaire ne me tente guère, alors je repars dans l'autre sens.

    Las Tunas - Nuevitas : 125 kmLa ville la plus proche où passer la nuit est Nuevitas. Je me dépêche pour y arriver avant la nuit. En chemin je tombe sur un autre camion, celui des gardes forestiers. Ils sont en train de nettoyer la forêt en coupant quelques arbres. Ils se rendent également à Nuevitas et me proposent de m'emmener. Je n'ai même pas le temps de répondre, mon vélo est déjà dans la benne arrière et moi dans la cabine entre le chauffeur et le chef d'équipe. C'est un vieux camion allemand de la seconde guerre mondiale, une vraie pièce de musée. Ils me déposent à Nuevitas où je trouve une maison sans problème. Quelle journée ! Bon pour Robinson c'est loupé... Mais pour Lara Croft c'était en plein dans le mille !


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  • Nuevitas - Moron : 171 kmJe quitte Irma et Antonia, mes hôte de Nuevitas, aux premières lueurs du jour car je veux avancer le plus possible aujourd'hui pour me rapprocher au maximum du Cayo Coco. Le Cayo Coco est réputé pour ses plages de rêve, je compte bien me faire un petit après-midi plage demain. La route entre Nuevitas et Moron se prête à la longue distance : plate et calme. Je traverse des plantations de canne à sucre, de banane, d'orange, des élevages bovins et porcins.

    Nuevitas - Moron : 171 kmPar moment, les campesinos font sécher leurs récoltes sur la route. C'est pour dire le trafic automobile qui règne ici... Deux hommes sur une moto se mettent à ma hauteur pour discuter un peu. Plus loin c'est Ruben sur son vélo qui me tient compagnie. J'arrive à Moron après un peu plus de 7 h d'effort, ravie d'être tout près du Cayo Coco. Je trouve une casa, me douche et pars faire un tour. Je cherche par tous les moyens un moyen de communication avec la France car c'est l'anniversaire de mon meilleur ami. Mais Cuba est réellement coupé du monde... Impossible de trouver un accès Internet ou un téléphone international ici.  A la casa, le couple n'est pas vraiment causant, c'est le strict minimum. Ma famille et mes amis me manquent fortement ce soir...


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